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J’ai beurré un plat à gratin
J’y ai mis de l’oignon dans les coins
De la crème et des pommes de terre
De la muscade et du gruyère
Sel, poivre épices et romarin,
Préchauffé à cent quatre-vingt
Quand j’ai eu mis tout ça dans le four
Je me suis dit c’est ça l’amour
Mais l’amour avait bu des pots
Avec des copines de boulot
Elle est rentrée moule marinière
Longtemps après la fin des guerres
Et pleurait dans la salle de bains
Le passé de son sac à main
Je n’ai rien pu faire pour sauver
Les pommes de terre et la soirée
C’est le temps de cuisson qui assassine
Et le déglaçage qui fracasse
Et la soupe au lait qui menace
Les chantiers de coeur en cuisine
Avec le poireau, les navets,
Carottes et chou, rave en carrelets
Boeuf, porc, épices et os de veau
À mijoter le temps qu’il faut
J’ai mouillé d’un doigt de vin blanc
Le pot-au-feu comme sa maman
Ça change ni le goût ni l’odeur
Mais ça lui fait croire au bonheur
Elle a ramené toute une équipe
Et voulait faire de la politique
Payer de son corps pour sauver
Les p’tits producteurs de rosé
Avant d’attaquer la salade
Elle baignait dans la marinade
J’aurais dû jouer le coup de bluff
Et faire la soupe à la queue de bœuf
Refrain
J’avais trouvé dans Marie Claire
Pour son gâteau d’anniversaire
Une tarte au gingembre et pruneaux
C’est bon pour tout et ça rend beau
Tout ça dans un décor de miss
Et un gigot commis d’office
Des piments verts, de l’ail en chemise
Et changé la mienne pour Denise
Elle a pas trouvé ça feng shui
Et pour réorienter ma vie
M’a foutu avec mes casseroles
À la rue, joli autogoal
J’ai tout fait pour qu’elle prenne des fesses
Qui sont maintenant pour sa maîtresse
En robes de cuir et bas résille
Sur un char de la rave party
Ce soir je mange avec maman
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