Il etait une fois j'vais vous dire
C'est trop vieux j'peux pas m'en souvenir
Mais on me l'a tellement raconte
J'suis sûr que c'est vrai
Un magnifique tilleul geant
Il y a de ça pas loin de deux cents ans
De l'autre cote de la rivière
Avant les guerres.
La bise un peu folle du mois d'août
Qui embrasse les arbres dans l'cou
Lui avait fait perdre les feuilles
Et devenir fou
Il était tombe un matin
Ses branches étaient toutes sur le chemin
Le chagrin et le mal d'amour
L'avaient ronge
Mais derrière le mur du cimetière
Une petite graine cachée dans la terre
Avait germe et un tilleul
Avec trois feuilles
Avait année après année
En poussant le mur de côté
Grandi grandi tant qu'il a pu.
Quand j'l'ai connu
Il vivait debout sur la terre
Inactif et plus que centenaire
Il était fier comme un lieutenant
Et comme son père
Mais il aurait du bout du cœur
Voulu faire un petit bout de bonheur
Et aimer la tour de l'église
Juste à sa guise
Il espérait des vents furieux
Qui auraient pu le pousser un peu
Afin de pouvoir embrasser
Celle qu'il aimait.
Pour vivre un amour sans partage
Il faut plus que des soirs d'orage
Et échanger quelques caresses
Et de la tendresse
Alors le tilleul amoureux
Sentant bien qu'il était trop vieux
Pour déménager sa carcasse
Et changer de place
Creusa du bout de ses racines
Sous l'église comme une galerie de mine
Et la tour se mit à pencher
De son côté
Cette histoire qui est donc authentique
N'est pourtant pas un cas unique
Il y a tellement dans les forêts
D'arbres penches
Qui cassent ou qui se déracinent
Pour un rocher ou pour une cime
Et d'avoir tant voulu aimer
Ils sont tombes
Bonnes gens tous les arbres couchés
Etaient amoureux ça c'est vrai
Les autres abattus sans pardon
Par les bûcherons
S'ront bois d'armoire ou bois de cageots
Jamais Juliette et Roméo
Il faut toujours être amoureux
Ca rend joyeux
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